Hier il faisait froid, il faisait moche, après m'être changée les idées en jouant à mon vieux Zelda, sur ma vieille Game boy, je suis partie, toute superWoman dans mes habits d'entretien. Je monte dans la gato mobile dont la ventilation ne marche plus, ce qui veut simplement dire qu'on doit rouler toutes vitres ouvertes, pour voir quelque chose à travers le pare-brise tout embué. Me voilà donc partie vers l'autre bout de la ville, ce territoire inconnu, et j'ai donc appris le plan par coeur. Mais ça n'a pas suffit. Avec les milliards de ronds-points et de carrefour zarbi, je me suis très logiquement perdue. J'ai remarquablement gardé mon sang froid. En même temps j'étais partie avec une heure d'avance, donc c'était moins anxyogène... Je finis par retrouver ma route, de façon assez miraculeuse, qui eut cru que j'avais, moi aussi, un certain sens de l'orientation? Dans la voiture je pousse le son sur une chanson de the Editors en croyant que c'est Interpol, mais ca me fait du bien quand même.
Dans le dédale des zones d'activité d'ingenieurie super moche, des bouffées d'angoisse montent: d'abord "mais putain bordel de merde ils se ressemblent tous ces horribles bâtiments de merde, c'est lequel le mien", puis "argh! les mecs donnent des noms de physiciens à leur immeuble, bordel j'ai rendez-vous dans Einstein ou Heisenberg? ralala c'est horrible je veux partir". Enfin je manque de fondre dans un rire de folle-dingue quand j'arrive dans le hall d'accueil où 4 ou 5 jeunes ingénieurs dynamiques et moches attendent en costume cravatte leur entretien à eux aussi. Super on nous donne de la lecture. Merde c'est pas Biba, c'est des conneries de prospectus qui vante les "bussiness angel manager junior working process". Argl.
Technique pour rester cool et ne pas paniquer: imaginer les cases de bd que tout ça peut faire.
Enfin viens mon heure. Je suis mon nouvel ami à travers couloir et moquette sur les murs. C'est lui qui peut me faire entrer dans la boite, je suis toute souriante, toute posée, toute determinée, je me tiens bien droite, j'ai l'air intelligent, j'écoute ce qu'on me dit, je répond, je parle. Je fais pas d'étincelles non plus, car je reste ce que je suis... Mais bon, je foire rien c'est déjà ça!
Ils n'ont rien pour moi pour le moment, mais ça peut arriver très vite me dit-il. Bref, je rentre dans leur base de données, ils ont vu ma gueule, et c'est très bien.
Moi je continue mes démarches. Je vais essayer de mettre les gaz à fond.
Je suis grave motivée là!
J'ai l'impression que ça ne dépend que de moi.